Cervicalgie : comprendre vos douleurs au cou pour mieux agir
Une citation très connue évoque un aspect intéressant de la condition humaine : "On ne se rend pas compte de ce que l’on a avant de l'avoir perdu.". Bien qu'il s'agisse d'un dicton généralement évoqué dans le contexte des relations amoureuses, c'est, quelque part, un peu universel. Il est difficile d'apprécier vraiment quelque chose tant qu'on l’a. Lorsqu'il s'agit de votre santé, c'est particulièrement vrai. Il faut souvent attendre de vieillir ou subir une blessure grave pour pouvoir apprécier pleinement les matins, les jours et les nuits sans douleur des années passées.
Les blessures et les douleurs peuvent être handicapantes, surtout dans les cas de douleurs chroniques au cou et aux épaules. L’intégrité structurelle du cou, assurée notamment par les muscles, les os et les ligaments, est constamment sollicitée ; non seulement pour soutenir nos lourdes têtes (d’environ 5 kilos et faisant la taille d'une boule de bowling), mais aussi pour donner la flexibilité et l'amplitude de mouvement nécessaires aux activités quotidiennes. Très peu de parties du corps sont utilisées aussi fréquemment et indispensablement dans la vie courante, d’autant plus lors d'efforts physiques. C’est pour cette raison que même une petite douleur dans le cou peut sérieusement limiter votre amplitude de mouvement et entraver votre capacité à accomplir des tâches banales.
Bien qu'une certaine forme de douleur soit inévitable avec la vieillesse naturelle du corps, il existe des mesures à prendre pour atténuer, par exemple, la raideur de la nuque. Cependant, il est essentiel que vous soyez conscient en premier lieu de vos symptômes afin de pouvoir prévenir les dommages à long terme et obtenir un soulagement optimal de la douleur au cou.
La cervicalgie est un terme médical qui englobe l’ensemble des symptômes liés aux douleurs du cou. Le terme est plus souvent employé lorsque l’origine des douleurs n’est pas clairement identifiée. Dans le cas de symptômes qui durent sur le long terme, on parlera plutôt de cervicalgie chronique, alors que pour des symptômes plus ponctuels, mais souvent plus intenses, on parlera de cervicalgie aiguë.
Les symptômes classiques des cervicalgies
Les symptômes liés aux maux de cou sont généralement associés à l'une ou plusieurs des manifestations suivantes :
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Craquements ou broyage : Une personne qui éprouve les symptômes d'une cervicalgie au cou entendra ou sentira probablement périodiquement son cou craquer, grincer ou éclater lorsqu'elle pivote la tête. Cela pourrait être le signe d'un frottement des os, de l'usure des articulations ou d'un désalignement de la colonne vertébrale.
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Diminution de l'amplitude des mouvements : Incapacité de tourner la tête dans un sens ou dans l'autre ou sentiment que l'amplitude naturelle des mouvements du cou est entravée par la douleur ou la raideur. Une diminution de l'amplitude des mouvements est généralement plus inquiétante si la douleur au cou est liée à un accident ou à une blessure.
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Difficulté à soulever ou à saisir des objets : Si vous éprouvez des difficultés lorsqu'il s'agit de saisir, soulever ou ramasser des objets, surtout si cela s'accompagne de picotements, de faiblesses ou d'engourdissements dans les doigts, il se pourrait que les nerfs ou les muscles de votre cou soient affectés.
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Douleur générale : Une douleur aiguë ou persistante localisée à un endroit ou une zone du cou est souvent le symptôme d'une cervicalgie. La traction pour les douleurs cervicales est un traitement qui est fréquemment utilisé pour traiter les douleurs générales.
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Maux de tête : Très souvent, les douleurs cervicales peuvent également affecter les nerfs et les muscles de la tête. La tension s'accumule : les muscles se contractent causant des maux de tête.
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Névralgie d’Arnold : La douleur ressentie dans le nerf grand occipital, partant de la nuque jusqu’au sommet du crâne, est associée généralement à une sensation de brûlure ou de décharge électrique. Spontanée, unilatérale et souvent intense, la doulour peut s’étendre jusqu’à l’oreille, le sourcil ou l’arrière de l’œil. Si elle a des causes multiples, dont un traumatisme comme le coup du lapin, la névralgie d’Arnold est souvent liée à une mauvaise posture répétée qui cause divers dommages à votre cou.
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Douleur à la mâchoire : Vous grincez ou serrez peut-être les dents sans le savoir la nuit ? Dans ce cas, votre articulation temporo-mandibulaire, qui relie la mâchoire inférieure à l’os temporal, sollicite les muscles de votre cou et se surmène pendant votre sommeil, ce qui peut entraîner des douleurs au cou et à la mâchoire.
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Problèmes de sommeil : Les personnes souffrant de douleurs cervicales éprouvent généralement des difficultés à s’endormir et bien dormir dû à l'inconfort ressenti. Ce problème est souvent exacerbé si les personnes sujettes aux cervicalgies dorment sur le ventre, ce qui n'est d’ailleurs pas recommandé à cause de la mauvaise position donnée à la colonne vertébrale.
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Douleur rayonnante : Une douleur qui peut irradier des nerfs dans le cou à ceux dans les épaules et vers le bas dans les bras. Bien que l'intensité de la douleur puisse varier, une douleur rayonnante entraîne souvent une sensation de brûlure intense.
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Douleur aiguë : Ce symptôme de cervicalgie au cou peut être localisé à un endroit qui donne l'impression de se faire poignarder ou piquer profondément à l'intérieur du cou. Une telle douleur est généralement ressentie plus près de la base du cou.
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Cou raide : Douleur et difficulté à bouger le cou, surtout si vous essayez de tourner la tête d'un côté à l'autre ou de haut en bas.
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Fourmillement, engourdissement ou faiblesse : Si vous avez subi un traumatisme cervical grave ou un pincement du/des nerf(s), il est possible de ressentir des sensations de " picotement et d'engourdissement " qui vont au-delà du cou, rayonnant dans les épaules, les bras et les mains. Il est courant qu'un seul des membres ressente une douleur rayonnante vers le bras.
Symptômes localisés d’une cervicalgie
Les symptômes d’une cervicalgie peuvent évidemment différer pour diverses raisons, mais un indicateur important est de savoir à quel niveau le long de la colonne cervicale, en particulier dans les cas de compression nerveuse. Parce que différents disques sont attachés à différents nerfs, et parce que ces nerfs sont connectés à différents chemins le long du corps, les symptômes chroniques du cou de la hernie discale cervicale C6 serait différentiable de ceux à un autre niveau.
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C1 et C2 : Deux racines nerveuses situées au sommet de la colonne cervicale. Ceux-ci contrôlent la tête et le mouvement de la tête et un pincement ou une irritation de ces nerfs pourrait causer des maux de tête.
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C3 et C4 : Les racines nerveuses C3 et C4 sont responsables de notre respiration en régulant le diaphragme. Des lésions de ces nerfs ou disques peuvent entraîner des difficultés respiratoires. Si la racine du nerf C4 est endommagée ou pincée, la douleur peut irradier de ce nerf pincé jusqu'au bas du cou et aux épaules.
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C5 et C6 : Les C5 et C6 soutiennent structurellement le reste du cou. Si la racine nerveuse de la C5 est comprimée ou endommagée, des douleurs et des faiblesses peuvent être ressenties dans les épaules et le haut des bras. Si le disque C6 est comprimé ou endommagé, la douleur, l'engourdissement et les picotements peuvent irradier à travers les bras et la faiblesse peut se faire sentir au niveau du biceps et du poignet.
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C7 : Si la racine nerveuse C7 est comprimée ou endommagée, la douleur ou la faiblesse peut irradier dans l'arrière du bras et dans le majeur.
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C8 : Si le disque C8 est comprimé ou endommagé, l'engourdissement, les picotements, la douleur et les faiblesses, peuvent rayonner le long du bras jusqu'au petit doigt.
Apparition des symptômes d’une cervicalgie
Si vous voyez un médecin, l'une des premières choses qu'il essaiera de vérifier est l'apparition de ces symptômes. En tentant de déterminer quand et où ces symptômes sont apparus pour la première fois, un médecin peut déterminer la cause sous-jacente la plus probable de votre cervicalgie au cou. Bien que dans beaucoup des cas de blessures graves ou de chutes, les causes sous-jacentes des douleurs chroniques au cou sont évidentes, ce n'est pas toujours le cas. Généralement, la douleur au cou se manifeste de l'une des façons suivantes :
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Réaction retardée à une blessure : Certaines blessures au cou ne se manifestent pas immédiatement. Les entorses cervicales causées par un coup du lapin, par exemple, peuvent prendre des heures, voire des jours, après la blessure. Dans de tels cas, l'enflure ou la douleur peuvent s'aggraver avec le temps.
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Progressivement au fil du temps : La cervicalgie au cou peut commencer comme un léger ennui qui ne se produit que le matin ou vers la fin de la journée. Dans de tels cas, il peut être difficile d'identifier un accident, une blessure ou une activité qui cause la douleur au cou. Bien qu'elles puissent ne pas sembler graves, elles peuvent se répéter et s'aggraver progressivement avec le temps.
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Une réaction immédiate aux blessures : Si vous faites une chute difficile en skiant, en surfant ou en faisant du vélo, vous pourriez savoir instantanément que votre cou n'est pas bien. Souvent, si vous avez mal dormi dessus, vous vous réveillerez immédiatement en sachant que vous avez froissé quelque chose dans votre cou.
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Soudain, sans présenter de symptômes auparavant : Il y a des moments où la douleur au cou se produit pour apparemment aucune raison du tout. Un moment vous allez bien, et l'instant d'après quelque chose est pincé ou fait mal.
Consulter un médecin au sujet des symptômes d’une cervicalgie
Bien que la plupart des douleurs cervicales ou des petites blessures s'atténuent avec le temps, les douleurs chroniques au cou sont plus constantes et indiquent quelque chose de plus important à l'origine du problème. Même s’il est évident que vous devriez consulter immédiatement en cas de blessure grave comme un accident ou une chute, vous devriez également consulter un médecin si vous ressentez une douleur intense et persistante, une douleur qui rayonne dans les bras ou les mains, une douleur accompagnée de faiblesse, de picotements, d'engourdissements ou de maux de tête réguliers.
Après une discussion avec le médecin au sujet des symptômes de votre cervicalgie, il peut être en mesure d'établir un diagnostic sur-le-champ. Si ce n'est pas le cas, d'autres examens pourraient s'avérer nécessaires. Pour les symptômes de douleurs chroniques au cou cela peut inclure l'utilisation d'une des techniques suivantes :
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Des radios : L’examen le plus commun qu'un médecin suggérera pour les symptômes de douleurs chroniques au cou. Les radiographies peuvent montrer des fractures, des tumeurs, des disques glissés, un rétrécissement du canal rachidien, un rétrécissement de l'espace entre les os, des maladies arthritiques et une instabilité de la colonne vertébrale.
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IRM (imagerie par résonance magnétique) : Si le médecin estime que les symptômes de douleurs chroniques au cou indiquent une atteinte des nerfs, des tendons ou des ligaments, une IRM sera probablement nécessaire. Ces machines utilisent des champs magnétiques puissants et des impulsions par radiofréquence pour produire des images détaillées d'organes et d'autres structures internes du corps. Ils peuvent fournir des données détaillées sur les tissus mous, les organes internes comme le cerveau et le système squelettique.
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Scanner tomodensitométrique : Un scanner est parfois utilisé comme substitut ou en complément d'une IRM. Les appareils de tomodensitométrie utilisent les rayons X pour former des images des parties internes du corps.
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Diagnostic par électromyographie : Un électromyogramme (EMG) et un test de vitesse de conduction nerveuse (VCN) sont parfois effectués pour identifier les douleurs au cou et aux épaules qui s'accompagnent de faiblesse, d'engourdissement et de picotement.
Causes communes d’une cervicalgie
Il y a une variété de causes possibles à l’origine des symptômes de douleurs au cou. Elles incluent :
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Maladies : La polyarthrite rhumatoïde, le cancer, la méningite ou l'arthrose peuvent tous causer des douleurs chroniques au cou.
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Hernie discale : Aussi appelée compression nerveuse, une hernie discale ou une éperon osseux sur les vertèbres du cou peut comprimer les nerfs de la moelle épinière et entraîner une douleur aiguë.
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Tensions musculaires : Si les muscles du cou sont surmenés, sur-utilisés ou surchargés, ils feront savoir au corps qu'ils ont besoin d'une pause. Trop de jours passés dans une mauvaise posture, à regarder votre téléphone portable ou à dormir sur le ventre, stressent les muscles du cou. Apprenez comment améliorer la mauvaise posture du cou pour réduire les tensions musculaires.
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Traumatisme dû à une chute ou à un accident : Si vous avez subi une chute grave ou un accident sportif, il se peut que votre cou ait subi une hyper-extension ou une hyper-flexion au cours de laquelle il a été soumis à une tension forte alors qu'il était poussé au-delà de son amplitude naturelle de mouvement. Le coup du lapin, où la tête est violemment projetée vers l'arrière et hypertendue, est l'une des causes les plus courantes de cervicalgie.
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Cartilage usé : Avec le temps, les articulations de votre corps s'usent naturellement. Au fur et à mesure que le cartilage protégeant les os du frottement commence à se détériorer et que des éperons osseux se forment, ce qui affecte la capacité des articulations à se déplacer en douceur sans entrave ni douleur.
Conclusion
Les symptômes d'une cervicalgie au cou varient selon l'endroit et la gravité de votre blessure ou de votre problème. Si ces symptômes persistent, n'hésitez pas à consulter un médecin. En agissant immédiatement, vous pouvez vous épargner des douleurs ou d'autres blessures.
Pensez aussi à étirer et faire travailler les muscles de votre cou régulièrement. C'est souvent la solution dans de nombreux cas de douleurs cervicales. Et si cela ne suffit pas à vous soigner, ça pourra surement quand même vous soulager. Aussi, comme pour toutes les autres partie de votre corps, un cou bien entretenue et en bonne santé est moins sujet aux blessures et aux maladies.